Après la chute de l'Ancien Régime, en 1789, la danse de société est devenue plus naturelle
et plus égalitaire. Costume et Danses perdent tous deux la complexité et la formalité
rigide qui présidaient aux bals de l'époque baroque.
Les danses du 19ème siècle peuvent être étudiées à la lueur de trois périodes différentes,
ayant chacune leur mode, leurs musiques et leurs danses propres.
Le Premier Empire
Cette époque, qui correspond à peu près à l'époque de la Régence anglaise (Regency), a développé
des danses et des modes tout à fait uniques.
En 1815, en France et en Angleterre, la nouvelle danse la plus populaire était le
quadrille, créé à partir d'anciennes contredanses françaises et de figures de cotillon.
Il se dansait avec des pas rapides comme le chassé, le jeté assemblé et les entrechats,
les pieds effleurant le sol. Les contredanses anglaises, le Reel écossais et la Mazurka
furent également très en vogue et introduisirent de nouveaux pas complexes dans les bals
tout en y ajoutant une certaine variété.
Ces danses, exécutées en carrés ou en lignes furent bientôt rejointes par une nouvelle
danse tout à fait inhabituelle parce que dansée en couple ; la Valse, d'origine paysanne,
migra vers les salons. Néanmoins, dans un premier temps, elle fut plus souvent évoquée
que dansée. Après des siècles passés à danser "main dans la main", la bonne société
n'était pas du tout prête à accepter l'étreinte fermée de la Valse.
La floraison de l'époque romantique
Alors qu'elle recueillait d'innombrables critiques en tant que danse menant à "la plus
licencieuse des conséquences", la Valse fit une entrée progressive dans les bals, aidée
en cela par d'occasionnelles démonstrations de quelques figures connues de la haute société.
Elle prit son essor lorsque son inhérente sensualité fut tempérée par la joyeuse exhubérance
du Galop d'abord, puis de la Polka.
La Polka de Bohème fit une telle sensation dans les salons et les bals en 1844, qu'elle
éclipsa la Valse. Sa bonne humeur simple et sa joie saine rendit acceptable la position
fermée que le couple adoptait pour tourner, initiant ainsi des milliers de danseurs au
plaisir grisant de passer de bras en bras. Une fois qu'ils eurent pris goût à ces délices,
les danseurs voulurent élargir l'éventail de leurs plaisirs. La Polkamanie fut suivie
d'une floraison de nouvelles danses de couple comme la Scottish, la Valse à deux temps,
la Redowa, la Valse à cinq temps et la Varsovienne, sans compter les nombreuses nouvelles
variations ajoutées aux valses, Mazurka et galop précédents.
Durant ce même temps, la tendance croissante vers la facilité et le naturel dans les
danses avait épuré les pas complexes des quadrilles et contredanses, les réduisant à
de simples pas de marche. L'esprit
général de la danse de cette époque (années 1840-années 1860) fut l'exaltation et
l'exubérance bercées d'un vent de romance gracieuse; les danses étaient fraîches,
inventives, jeunes et un peu audacieuses. La mode, bien que riche et élégante, continuait
à affirmer sa tendance pour la simplicité. En 1850, le Bal avait atteint à son zénith.
La grande époque victorienne
À partir de 1870, les danses de société furent celles des parents, voir même des grands-parents.
Les Bals étaient le domaine de la vieille garde de la haute société. Comme les danses
avaient moins de succès, moins de gens se donnaient la peine de continuer à toutes les
enseigner. Les unes après les autres, les Mazurkas, scottish, Redowa, Polka semblèrent
trop fades. Les maîtres de danses fondèrent des associations professionnelles dans le
but de sauver leur métier, mais ces organisations ne firent que normaliser et codifier
les pas de danse et tiédir un peu plus l'intérêt du public. Les professeurs de danses
inventèrent alors des douzaines de nouveaux pas escomptant ainsi un regain d'enthousiasme
de la part du public qui, dans sa majeure partie, resta totalement indifférent.
Dans les bals de la haute société on développa un engouement pour les jeux de Cotillons
Allemands, au cours desquels l'on pouvait gagner des lots de valeur. Les bals publics
(fréquentés par la classe moyenne) virent la profusion de danses diverses se réduirecomme
peau de chagrin pour se limiter à deux: La Valse et le Two step.
À la fin du siècle, les danseurs étaient prêts à aborder quelque chose de complètement
différent.
Après des siècles d'innovations engendrées par les grandes figures européennes de la
bonne société,ils ne pouvaient pas deviner que la prochaine vague de musiques et de
danses populaires proviendrait des basses classes américaines.
Traduit de l'anglais par Marie Dauvois.