Click here for English



Les danses de société au 19ème siècle
Richard Powers


Après la chute de l'Ancien Régime, en 1789, la danse de société est devenue plus naturelle et plus égalitaire. Costume et Danses perdent tous deux la complexité et la formalité rigide qui présidaient aux bals de l'époque baroque.

Les danses du 19ème siècle peuvent être étudiées à la lueur de trois périodes différentes, ayant chacune leur mode, leurs musiques et leurs danses propres.



Le Premier Empire  Cette époque, qui correspond à peu près à l'époque de la Régence anglaise (Regency), a développé des danses et des modes tout à fait uniques. En 1815, en France et en Angleterre, la nouvelle danse la plus populaire était le quadrille, créé à partir d'anciennes contredanses françaises et de figures de cotillon. Il se dansait avec des pas rapides comme le chassé, le jeté assemblé et les entrechats, les pieds effleurant le sol. Les contredanses anglaises, le Reel écossais et la Mazurka furent également très en vogue et introduisirent de nouveaux pas complexes dans les bals tout en y ajoutant une certaine variété. Ces danses, exécutées en carrés ou en lignes furent bientôt rejointes par une nouvelle danse tout à fait inhabituelle parce que dansée en couple ; la Valse, d'origine paysanne, migra vers les salons. Néanmoins, dans un premier temps, elle fut plus souvent évoquée que dansée. Après des siècles passés à danser "main dans la main", la bonne société n'était pas du tout prête à accepter l'étreinte fermée de la Valse.




La floraison de l'époque romantique   Alors qu'elle recueillait d'innombrables critiques en tant que danse menant à "la plus licencieuse des conséquences", la Valse fit une entrée progressive dans les bals, aidée en cela par d'occasionnelles démonstrations de quelques figures connues de la haute société. Elle prit son essor lorsque son inhérente sensualité fut tempérée par la joyeuse exhubérance du Galop d'abord, puis de la Polka. La Polka de Bohème fit une telle sensation dans les salons et les bals en 1844, qu'elle éclipsa la Valse. Sa bonne humeur simple et sa joie saine rendit acceptable la position fermée que le couple adoptait pour tourner, initiant ainsi des milliers de danseurs au plaisir grisant de passer de bras en bras. Une fois qu'ils eurent pris goût à ces délices, les danseurs voulurent élargir l'éventail de leurs plaisirs. La Polkamanie fut suivie d'une floraison de nouvelles danses de couple comme la Scottish, la Valse à deux temps, la Redowa, la Valse à cinq temps et la Varsovienne, sans compter les nombreuses nouvelles variations ajoutées aux valses, Mazurka et galop précédents. Durant ce même temps, la tendance croissante vers la facilité et le naturel dans les danses avait épuré les pas complexes des quadrilles et contredanses, les réduisant à de simples pas de marche. L'esprit général de la danse de cette époque (années 1840-années 1860) fut l'exaltation et l'exubérance bercées d'un vent de romance gracieuse; les danses étaient fraîches, inventives, jeunes et un peu audacieuses. La mode, bien que riche et élégante, continuait à affirmer sa tendance pour la simplicité. En 1850, le Bal avait atteint à son zénith.



La grande époque victorienne    À partir de 1870, les danses de société furent celles des parents, voir même des grands-parents. Les Bals étaient le domaine de la vieille garde de la haute société. Comme les danses avaient moins de succès, moins de gens se donnaient la peine de continuer à toutes les enseigner. Les unes après les autres, les Mazurkas, scottish, Redowa, Polka semblèrent trop fades. Les maîtres de danses fondèrent des associations professionnelles dans le but de sauver leur métier, mais ces organisations ne firent que normaliser et codifier les pas de danse et tiédir un peu plus l'intérêt du public. Les professeurs de danses inventèrent alors des douzaines de nouveaux pas escomptant ainsi un regain d'enthousiasme de la part du public qui, dans sa majeure partie, resta totalement indifférent. Dans les bals de la haute société on développa un engouement pour les jeux de Cotillons Allemands, au cours desquels l'on pouvait gagner des lots de valeur. Les bals publics (fréquentés par la classe moyenne) virent la profusion de danses diverses se réduirecomme peau de chagrin pour se limiter à deux: La Valse et le Two step. À la fin du siècle, les danseurs étaient prêts à aborder quelque chose de complètement différent. Après des siècles d'innovations engendrées par les grandes figures européennes de la bonne société,ils ne pouvaient pas deviner que la prochaine vague de musiques et de danses populaires proviendrait des basses classes américaines.


Traduit de l'anglais par Marie Dauvois.